Rythme : l’éternel orchestrateur
de Victoria Santa Cruz
traduit de l’espagnol (Pérou) par Patricia Houéfa Grange
Biblioteca Nacional del Perú/Ambassade de France au Pérou/ Repercuté, juillet 2023
Edition bilingue français/espagnol
[Titre d’origine : Ritmo: el eterno organozador, publié par Petroperú (Pérou) en 2004 puis Penguin (Espagne) 2021]
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Après avoir traduit et mis en voix avec bonheur l’emblématique poème Me gritaron negra/Ils m’ont traitée de négresse en 2017, j’ai eu la joie et l’honneur de traduire Ritmo: el eterno organizador de l’immense Victoria Santa Cruz lors d’une résidence de traduction à Lima en mars 2023.
Ritmo: el eterno organizador est l’unique livre que Victoria nous a laissé, spécifiquement dans le but de transmettre les travaux et réflexions de toute une vie, qui prennent racine dans le rythme.
Il s’agit d’un essai relativement bref, qui part des expériences et du vécu de l’artiste en tant que danseuse, chorégraphe, compositrice, dramaturge, pédagogue, pour penser l’équilibre personnel, la relation à l’autre, la santé individuelle et collective, le chemin de vie. En écrivant ce livre, Victoria souhaite transmettre des connaissances qu’elle a développées, « orientée par son intuition, et en partant d’une mémoire ancestrale, l’Afrique ». Et elle indique plus loin que « En continuant à approfondir – tout au long de ma vie – les formidables bases rythmiques héritées, il m’a été révélé, avec la clarté de l’organique, que ces dernières, bien qu’africaines, n’en sont pas moins cosmiques. »
C’est un texte qu’il est difficile de définir. Il faut le lire et le vivre, le traverser comme une expérience. Et traverser la vie comme une expérience, en pleine conscience de chacun de nos gestes et de nos actes, c’est d’ailleurs ce à quoi elle nous invite tout au long de la lecture.
C’est un texte que l’on peut qualifier de philosophique et sa traduction s’est apparentée pour moi à une forme de méditation prolongée.
Bien qu’il n’ait pas été écrit pour être dit à voix haute, il est traversé par la poésie et le souffle de Victoria Santa Cruz, avec de nombreuses phrases percutantes susceptibles d’être transformées en slogans, telles que « Il n’y a pas de révolution sans évolution », « croire c’est créer et créer c’est croire », ou encore « L’action intègre. La réaction désintègre ».
Cet ouvrage comporte cependant quelques éléments techniques, notamment en ce qui concerne la marinera. Il était donc particulièrement pertinent pour moi d’avoir pu m’imprégner sur place des rythmes afro-péruviens et créoles (Landò, Tondero, Zamacueca, Zapateo, Marinera, Contrapunto, Festejo, Alcatraz) ; mais également d’avoir pu m’entretenir longuement avec des membres de la famille Santa Cruz qui ont vécu aux côtés de Victoria Santa Cruz et l’ont accompagnée dans certains des moments/aspects de sa carrière.
La traduction en résidence de ce texte fut une merveilleuse expérience, je suis très heureuse que cette traduction existe désormais, et j’espère qu’elle pourra bientôt trouver une maison pour l’accueillir et la diffuser en France et dans les mondes francophones.
Expérience de traduction à suivre à travers la série « Traduire le rythme » sur mon blog
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